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Au-delà du dialogue : le film


Oui, j’ai réalisé un film ! C’est n’est pas dans mon coeur du métier, c’est clair. Pourtant, j’ai réalisé un film ! Le film « Au-delà du dialogue » est sorti en début 2020, diffusé par KTO et présenté ensuite dans des projections publiques et privées, on peut maintenant le visionner sur internet.

De quoi parle-t-on ?

En Algérie, depuis cinquante ans, une expérience particulière se développe entre des chrétiens et des musulmans. Participant à une spiritualité commune, la « spiritualité de l’unité », chacun trouve un approfondissement pour sa propre foi. La communauté du « mouvement des Focolari » en Algérie témoigne d’une fraternité réelle entre ses membres de deux religions, et démontre comment le charisme de sa fondatrice, Chiara Lubich, ouvre des perspectives importantes pour dialoguer et vivre ensemble. C’est une expérience étonnante, qui porte des fruits concrets dans le dialogue interreligieux et dans l’engagement commun pour la vie en société.

Mes motivations

Depuis mon plus jeune âge, un caractère réservé, peu propice à la prise de parole, m’a fait découvrir la force des images. J’ai investi la photo et l’audiovisuel, et plus tard la vidéo et l’Internet, comme autant d’outils de prédilection pour communiquer, pour transmettre et partager ce que je ressens de juste et d’ancré en moi, tout spécialement dans le domaine, intime, de la spiritualité.

La première fois que j’ai eu un dialogue profond, touchant la vie spirituelle, avec une personne d’une autre religion, c’était avec Farouk, médecin algérien que j’ai accueilli chez moi à Lyon où il était venu pour une formation professionnelle. C’était il y a 25 ans, mais je me rappelle encore l’impression très forte que j’avais alors ressentie : Dieu n’était pas enfermé dans les rites et les dogmes que je connaissais, mais il en débordait de façon surprenante.

Catholique engagé que j’étais, je découvrais avec Farouk qu’une religion différente de la mienne pouvait porter des richesses spirituelles inattendues, et importantes aussi pour ma propre foi. Il se trouve que Farouk entretenait une amitié particulière avec le « focolare »1, cette famille spirituelle internationale d’essence chrétienne où j’étais moi-même engagé : il m’a montré comment l’intuition spirituelle de Chiara Lubich, fondatrice italienne du focolare, parlait aussi au cœur et à la foi du musulman qu’il était.

A cette époque, l’Algérie vivait une terrible guerre civile, qui opposait des groupes islamistes fondamentalistes à l’armée algérienne. Raconter en public une expérience d’amitié entre chrétiens et musulmans aurait mis en danger la vie de Farouk, et de bien d’autres. Nous échangions donc des nouvelles en faisant bien attention à ce qu’elles restent dans un cercle restreint des plus proches amis. Aujourd’hui ce risque est révolu, et la communauté du focolare en Algérie, en majorité musulmane, est petite mais bien vivante. Dans l’Algérie actuelle, des chrétiens et des musulmans essayent d’approfondir l’expérience commune, et d’en témoigner à leur entourage. Ils constatent ainsi la difficulté pour trouver les bons mots pour décrire une réalité qu’ils vivent pourtant avec simplicité.

Récemment, par amitié et pour approfondir le sujet, j’ai effectué plusieurs voyages en Algérie. J’ai retrouvé Farouk et sa famille, et j’ai pu discuter avec, et interviewer de nombreuses personnes qui s’identifient clairement comme « membres musulmans du mouvement des Focolari ». Des membres musulmans d’un mouvement chrétien ! Voilà qui interpelle, en tous les cas qui m’interpelle. Dans ces conversations, j’ai expérimenté de nouveau le vertige d’être un croyant avec d’autres croyants, de participer à une unité qui dépasse ma propre foi chrétienne, mais où le Dieu unique est présent et éclaire des questions existentielles que nous tous portons en nous. Et j’ai reçu le témoignage des bienfaits que produit cette expérience, tant dans la vie personnelle et familiale, que dans l’engagement professionnel et social de ses protagonistes.

La béatification en décembre 2018 à Oran de 19 martyrs catholiques a attiré l’attention du public occidental sur la présence chrétienne dans ce pays musulman qu’est l’Algérie. L’expérience des focolari s’inscrit depuis 50 ans dans l’histoire de cette présence, avec la particularité que son charisme, profondément chrétien dans son origine et ses expressions, conduit ses membres, chrétiens et musulmans, « au-delà du dialogue », comme ils aiment eux-mêmes à le dire : ensemble, le long d’un chemin commun, avec un but commun : connaître Dieu, et faire sa volonté.

Monseigneur Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, m’avait profondément touché en affirmant que le 21ème siècle ne serait plus le temps des guerres de religions. Bien au contraire, il expliquait que nous devons construire ensemble, notamment et surtout avec les croyants d’autres religions, un chemin nouveau pour l’avenir de notre monde. Les personnes que j’ai rencontrées témoignent d’une capacité, puisée dans l’expérience de fraternité vécue, de s’investir ensemble pour l’environnement, ou pour les couples en difficultés, ou pour les quartiers défavorisés de leurs villes.

Cela mérite d’être raconté : c’est plus que du dialogue interreligieux, c’est plus même que de l’amitié, c’est… on rencontre une véritable difficulté pour trouver les mots pour définir et formaliser ce qui se vit. C’est pour cela que le langage cinématographique me semble particulièrement adapté. En effet, il permet une communication qui n’est pas seulement faite de parole, mais aussi d’images, d’évocations. Il permet un témoignage fait d’ambiances, de sensations, de sentiments évoqués par les gestes et par les visages. Avant les événements et les concrétisations à montrer, c’est une démarche spirituelle, presque mystique, à saisir et à proposer au spectateur.

Je connais d’autres expériences interreligieuses, bien entendu valables et importantes, où le dialogue et la tolérance permettent d’aller au-delà de différences parfois importantes, parfois presque inconciliables. Ici la différence religieuse joue un autre rôle : elle devient une matière positive pour pousser chacun à aller plus loin dans sa propre foi, et plus loin dans son humanité. Cela réussit grâce à un charisme spirituel qui nourrit la vie intérieure et explicite les étapes et le sens des difficultés, un charisme qui parle au cœur de la personne, quelle que soit sa foi.

C’est une expérience simple, qui se déroule dans le quotidien, qui passe par des moments de partage, par des rassemblements périodiques, par l’accompagnement des enfants et des jeunes, par des attentions constantes aux besoins des uns et des autres, par des engagements personnels ou collectifs… mais derrière ces événements simples, c’est un chemin humain et spirituel tout simplement prophétique – oserais-je dire – qui est parcouru. C’est un chemin qui met en évidence des signes importants, peut-être indispensables, pour vivre ensemble sans la peur de perdre son identité, pour s’ouvrir au monde en restant bien enracinés dans ses traditions et communautés, des signes attendus, désirés, que je souhaite, avec ce film, proposer au public.

Le tournage

Le tournage a été effectué avec des moyens légers en Algérie principalement, à Lyon pour la séquence initiale, et en petite partie à Créteil.

Trois voyages ont effectués en Algérie : en juillet 2018 pour un premier repérage, en novembre 2018 pour le tournage, et en juin 2019 pour un deuxième tournage. Au total, 80 interviews ont été réalisées, pour environ 160 heures de matériel filmé avec les images d’ambiance et de vie.


Le film, informations et liens

Site officiel et visionnage en différentes langues